« Nouvelle donne », page qui se tourne : pour Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection, il est clair que les tensions inflationnistes des dernières semaines, alimentées par la hausse des cours du pétrole, changent les fondamentaux sur lesquels les investisseurs basent leur action. Pour le gérant, l’inflation devrait ressortir, en 2018, à 3% en rythme annuel aux Etats-Unis et à 2% en Europe.
Face à la hausse des prix des matières premières, et notamment du pétrole qui évolue autour de 80 dollars le baril, les salariés vont être tentés de demander des augmentations de salaires afin d’éviter une érosion de leur pouvoir d’achat.
« Aux Etats-Unis, les salaires sont enfin repartis à la hausse (+2,9% entre janvier 2017 et janvier 2018). En Europe, les revalorisations salariales ont commencé également (accords de branche en Allemagne notamment). La BCE aura ainsi les coudées plus franches pour justifier une sortie de son quantitative easing. De son côté, la Fed va poursuivre sa politique de resserrement monétaire alors que les taux longs américains poursuivent leur envolée (le rendement de l’emprunt d’Etat à 10 ans a dépassé la barre des 3% en mai, pour la première fois depuis début 2014 !) », observe Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection.
Sur les marchés actions européens, ajoute le gérant, ce regain de l’inflation est, par conséquent, favorable aux valeurs disposant d’un bon « pricing power », c’est-à-dire aux entreprises en mesure de continuer à augmenter leurs prix de vente indépendamment de la concurrence et du contexte macroéconomique.
Dans ce contexte, le secteur du luxe reste attractif. De leur côté, les valeurs bancaires vont continuer à profiter du nouveau contexte de hausse des taux, propice à la revalorisation de leurs marges. En revanche, les « utilities » (services aux collectivités), les valeurs télécoms et les laboratoires pharmaceutiques devraient souffrir du relèvement des taux, prévient le président de Carlton Sélection.
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Avec l’assouplissement envisagé de la règle Volcker – loi restreignant les marges de manœuvre des banques américaines en matière de spéculation -, Wall Street pourrait renouer avec les excès, au risque de générer de graves turbulences sur les marchés mondiaux…
Quelques années seulement après son adoption, la règle Volcker – volet de la loi Dodd-Franck limitant la spéculation bancaire aux Etats-Unis – pourrait bientôt être sérieusement édulcorée… Après le désastre de la crise financière de 2008-2009, la règle Volcker – du nom de l’ancien banquier central et conseiller du président Obama, Paul Volcker – avait été adoptée dès 2013 et mise en oeuvre l’année suivante. Or, elle est actuellement dans le collimateur de l’administration Trump, le lobby bancaire militant pour son assouplissement afin de donner aux établissements financiers plus de marges de manœuvre pour spéculer pour propre compte.
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« Nouvelle donne », page qui se tourne : pour Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection, il est clair que les tensions inflationnistes des dernières semaines, alimentées par la hausse des cours du pétrole, changent les fondamentaux sur lesquels les investisseurs basent leur action.
Pour le gérant, l’inflation devrait ressortir, en 2018, à 3% en rythme annuel aux Etats-Unis et à 2 %en Europe.
Face à la hausse des prix des matières premières, et notamment du pétrole qui évolue autour de 80 dollars le baril, les salariés vont être tentés de demander des augmentations de salaires afin d’éviter une érosion de leur pouvoir d’achat. «Aux Etats-Unis,les salaires sont enfin repartis à la hausse (+ 2,9 % entre janvier 2017 et janvier 2018). En Europe, les revalorisations salariales ont commencé également (accords de branche en Allemagne notamment). La BCE aura ainsi les coudées plus franches pour justifier une sortie de son quantitative easing.
De son côté, la Fed va poursuivre sa politique de resserrement monétaire alors que les taux longs américains poursuivent leur envolée (le rendement de l’emprunt d’Etat à 10 ans a dépassé la barre des 3% en mai, pour la première fois depuis début 2014 !)», observe Daniel Gerino, président et directeur de la gestion de Carlton Sélection.
Sur les marchés actions européens, ajoute le gérant, ce regain de l’inflation est, par conséquent, favorable aux valeurs disposant d’un bon «pricing power», c’est-à-dire aux entreprises en mesure de continuer à augmenter leurs prix de vente indépendamment de la concurrence et du contexte macroéconomique.
Dans ce contexte, le secteur du luxe reste attractif. De leur côté, les valeurs bancaires vont continuer à profiter du nouveau contexte de hausse destaux, propice à la revalorisation de leurs marges. En revanche, les «utilities» (services aux collectivités), les valeurs télécoms et les laboratoires pharmaceutiques devraient souffrir du relèvement des taux, prévient le président de Carlton Sélection.
L’augmentation des cours du pétrole et des métaux au cours des douze derniers mois est significative et pousse les prix de biens de consommation à la hausse. Ce nouveau climat inflationniste va conforter les valeurs disposant d’un véritable « pricing power ». Après des années de croissance non inflationniste, dans un contexte de révolution digitale poussant les prix des biens et services à la baisse, une page est assurément en train de se tourner. Si le prix du baril se maintient à des niveaux proches de 80 dollars, il ne fait guère de doutes que le retour de l’inflation va installer une nouvelle donne pour les investisseurs. Les salaires repartent à la hausse. En effet, la hausse récente du prix du baril n’est pas sans conséquence sur l’économie des pays développés. Cette remontée significative du prix des hydrocarbures pèsera sur l’inflation qui devrait ressortir, en 2018, à 3% en rythme annuel aux Etats-Unis et à 2% en Europe. De mai 2017 à mai 2018, le prix du baril de brent a augmenté de 52% tandis que le WTI progressait de 46%.
Les prix des métaux ressortent en hausse de 15% sur la même période. Seuls les prix des denrées alimentaires ont stagné (+2%). Ces hausses se répercutent déjà sur les prix finaux. Dans un contexte de croissance, elles justifient les demandes d’augmentations de salaire dans les entreprises afin d’éviter aux ménages une érosion de leur pouvoir d’achat. Aux Etats-Unis, les salaires sont enfin repartis à la hausse (+2,9% entre janvier 2017 et janvier 2018). En Europe, les revalorisations salariales ont commencé également (accords de branche en Allemagne notamment). La BCE aura ainsi les coudées plus franches pour justifier une sortie de son quantitative easing. De son côté, la Fed va poursuivre sa politique de resserrement monétaire alors que les taux longs américains poursuivent leur envolée (le rendement de l’emprunt d’Etat à 10 ans a dépassé la barre des 3% en mai, pour la première fois depuis début 2014 !). Face à l’augmentation de leur coût de financement, les entreprises seront ainsi contraintes d’ajuster leurs prix, sauf à accepter une érosion de leurs marges. Marchés actions européens : le secteur du luxe reste en pointe A l’issue du premier trimestre 2018, les dernières statistiques européennes donnent l’impression d’un léger tassement de la croissance (+0,3% au T1 2018 en France après +0,7% au T4 2017). Certes, la conjoncture reste bien orientée mais la croissance n’accélère plus. En Italie, la formation d’une coalition improbable (Ligue et Mouvement 5 Etoiles) aux accents anti-européens suscite l’inquiétude temporaire des marchés, même si l’Italie, pays en panne de croissance, ne saurait prendre le risque de rompre avec Bruxelles. Sur les marchés actions européens, ce regain de l’inflation est, par conséquent, favorable aux valeurs disposant d’un bon « pricing power », c’est-à-dire aux entreprises en mesure de continuer à augmenter leurs prix de vente indépendamment de la concurrence et du contexte macroéconomique. A ce titre, le secteur du luxe reste éminemment attractif. Les succès retentissants de LVMH et Kering démontrent la
force d’un secteur dont les marques s’imposent avec succès dans le monde entier comme un vecteur de rêve et un marqueur social important, notamment en Chine. Sans oublier les valeurs technologiques, moins présentes en Europe qu’aux Etats-Unis, mais dont les capacités d’innovation rendent attractives auprès des investisseurs. De leur côté, les valeurs bancaires vont continuer à profiter du nouveau contexte de hausse des taux, propice à la revalorisation de leurs marges. En revanche, les « utilities » (services aux collectivités), les valeurs télécoms et les
laboratoires pharmaceutiques devraient souffrir du relèvement des taux.
Les mesures protectionnistes décidées par l’administration Trump obéissent à un plan : le rééquilibrage de la balance commerciale américaine, largement déficitaire. Elles devraient également conduire cette année à un nouvel affaiblissement du dollar par rapport à l’euro.
En instaurant des barrières douanières sur les importations d’acier (25%) et d’aluminium (10%), Donald Trump prend le risque de déclencher une guerre commerciale entre les Etats-Unis et le reste du monde. Les critiques envers sa politique ne manquent pas en Europe et il est préférable d’éviter une escalade entre grandes zones économiques à coup de taxation sur les produits importés (l’Europe réfléchit à une taxation du Bourbon et des Harley Davidson !). Au final, tout le monde serait perdant.
Néanmoins, il convient de nuancer notre jugement. Donald Trump ne fait que mettre en oeuvre ses promesses de campagne. Bien sûr, les économistes restent dans l’ensemble très sceptiques sur les conséquences attendues de ces mesures. Mais il ne faut pas perdre de vue que ces dernières s’inscrivent dans un plan parfaitement cohérent visant à réduire, autant que possible, le déficit commercial des Etats-Unis vis-à-vis du reste du monde. En 2017, celui-ci a atteint 566 milliards de dollars, à son plus haut niveau depuis 2008. Les deux pays dans le viseur de l’administration Trump sont tout particulièrement l’Allemagne et la Chine.
Un taux de participation au marché de l’emploi très faible
La conjugaison de ces mesures protectionnistes et du plan massif de baisse de la fiscalité pour les ménages et les entreprises contribuera à accentuer les pressions inflationnistes aux Etats-Unis et le différentiel d’inflation par rapport à l’Europe. A ce titre, le dollar devrait poursuivre cette année son affaiblissement par rapport à l’euro et atteindre ainsi une parité EUR/USD à 1,30. Cette nouvelle baisse du dollar va permettre aux entreprises américaines de regagner des parts de marchés à l’exportation. Or, les sociétés américaines disposent de ressources financières en augmentation grâce à la réforme fiscale, ce qui devrait permettre d’accentuer les acquisitions d’entreprises européennes par des groupes américains.
Ces mesures protectionnistes auront, en effet, pour conséquence d’augmenter les pressions inflationnistes en renchérissant le coût des importations et des biens fabriqués aux Etats-Unis. Jusqu’à présent, l’inflation est restée anormalement basse en l’état actuel du cycle économique. Pourtant, le taux de chômage américain a touché ses plus bas niveaux historiques et les salaires ont commencé, enfin, à remonter.
Mais ces indicateurs masquent la faiblesse du taux de participation au marché de l’emploi qui ne dépasse pas 63% et qui explique, en grande partie, l’absence de tensions salariales et de regain significatif de l’inflation. Le marché du travail américain est, par ailleurs, largement segmenté entre des salariés très bien formés, disposant d’une forte employabilité dans des secteurs sous tension et qui profitent des revalorisations salariales, et une masse de salariés non formés et dont les rémunérations ont tendance à stagner, voire à diminuer.
La menace inflationniste reste donc très relative. Si le risque d’une remontée trop rapide des taux d’intérêt par Jerome Powell pourrait entraîner une désaffection des investisseurs vis-à-vis des marchés obligataires, et actions par ricochet, la Reserve Fédérale a donc plutôt intérêt à faire preuve de modération dans son resserrement monétaire au vu du contexte actuel. Tablons sur trois hausses de taux en 2018 plutôt que quatre.
En attendant, la politique de Donald Trump marquée par le retour d’un certain volontarisme devrait servir l’objectif d’un nouvel affaiblissement du dollar. Pour parvenir au rétablissement d’un meilleur équilibre des échanges commerciaux entre les Etats-Unis et le reste du monde, il apparaît évident que la première économie mondiale a beaucoup plus à perdre avec une devise forte. Au risque de pénaliser ses partenaires chinois et européens, si le billet vert accentuait sa baisse.